Jacques Vapillon ®
Alors que l'Odyssée entre Istanbul et Nice est encore dans les esprits de l'ensemble des navigateurs, l'heure d'un nouveau départ a donc sonné ce mardi midi. Pour une dernière fois les six monocoques Imoca se sont donnés rendez-vous devant l'une des plages les plus célèbres de la côte d'Azur et ont assuré le spectacle. Dans un décor de carte postale, avec 5 à 6 nœuds de vent et une mer plate, le comité de course placé sous la présidence d'Henry Bacchini a libéré les marins pour l'étape la plus courte de cette Istanbul Europa Race.
Devant leurs étraves, 420 milles à parcourir entre la Baie des Anges et Barcelone, avec obligation de laisser l'île de Minorque à tribord. De Nice à la capitale catalane, l'échiquier ne sera pas dégagé et une fois encore, il faudra s'attendre à des rebondissements et des divergences stratégiques ainsi que le confirmait ce matin Jean Maurel, directeur de course de l'Istanbul Europa Race : « Un vent de Nord Est devrait permettre aux bateaux d'aller relativement facilement jusqu'à Minorque. Entre ce point de passage et l'arrivée, il restera 100 milles qui seront loin d'être faciles à parcourir. Aux abords de l'arrivée, d'autres pièges se présenteront dans la mesure où Barcelone est sous l'influence directe des Pyrénées. Nous avons fait le choix de ce parcours pour que ce soit moins la loterie. J'espère pour les marins qu'il nous donnera raison ».
Six équipages pour une victoire
La première étape a laissé des traces chez les hommes et la pétole fait son œuvre. L'acte disputé entre Istanbul et Nice a imposé aux équipages des fortunes plus ou moins bonnes. Au moment d'entrer en scène pour la deuxième fois, chacun affichait ses ambitions. Ainsi, les espagnols de 1876, actuels leaders au classement général provisoire, entendent-ils bien rafler à nouveau la mise dans leurs eaux et achever de convaincre leurs nombreux supporters.
Extrêmement réguliers et inspirés sur le préambule, les hommes de Guillermo Altadill se sont posés d'entrée de jeu en candidats sérieux à la victoire finale ; une nouvelle belle performance à Barcelone leur permettrait d'enfoncer le clou. Longtemps pressentis pour les lauriers à Nice, Michel Desjoyeaux et ses hommes ont une partie à gagner. Mêmes attentes chez Kito de Pavant qui s'attaque aujourd'hui à un parcours dont il connaît et redoute particulièrement les pièges. Vainqueur du Trophée de Nice hier, Groupe Bel devrait pouvoir exprimer son aisance sur ce sprint vers l'Espagne. Au départ de son port d'attache, Jean-Pierre Dick était ce matin un homme riche d'ambitions légitimes.
Remonté comme un coucou suisse suite à l'accueil réservé par ses amis niçois, le gentleman navigateur n'a qu'une envie : arriver en Catalogne en vainqueur et renouveler le scénario de la Barcelona World Race. Enfin, que dire des deux équipages malheureux de la première étape, Veolia Environnement et DCNS. Moins reposés que les autres, les acolytes de Roland Jourdain et Marc Thiercelin ont été piqués au vif et sont fermement décidés à inverser la tendance. Autant dire que l'empoignade méditerranéenne annonce une fois encore des débats houleux ! Verdict attendu dans 48 heures.
Ils ont dit
Guillermo Altadill – 1876 :
« C'est une étape très importante pour moi et l'équipage. A Barcelone, nous allons retrouver nos familles, nos amis et tous nos partenaires. Je dois absolument obtenir un bon résultat là-bas. La victoire à Nice nous donne la pression du résultat et je veux que 1876 reste en lice pour une victoire finale à Brest ».
Kito de Pavant – Groupe Bel :
« J'espère que le Trophée de Nice est de bon augure pour nous et une bonne chose pour l'étape à venir ! Nous savons que nous avons un bon bateau. Les conditions annoncées nous conviennent bien. Nous devrions arriver assez vite à Minorque. La suite sera compliquée ! Il va falloir faire des choix et croire en sa bonne étoile. Nous avons relâché la pression ici, mais on sent bien que ça va revenir vite. Je connais parfaitement la navigation dans les Baléares et en général le parcours qui nous attend. Je sais que ça va être difficile et aléatoire. Ca rajoute forcément un peu de pression... »
Roland Jourdain – Veolia Environnement :
« Nous attendons un meilleur résultat sur cette étape que sur la première. Nous savons déjà que nous aurons du vent variable, des incertitudes... il va falloir faire avec. On prendra ce qu'il y aura à prendre. Le tout sera de rester avec les autres et d'éviter ces coups d'élastiques si frustrants pour les compétiteurs. Ce qui est essentiel sur des parcours comme celui qui nous attend, c'est le départ et l'approche de la côte. Il faudra donc trouver du vent pour se sortir d'ici. Quant à l'arrivée à Barcelone, tout sera peut-être à refaire à l'approche de la ligne. Avec le peu de temps théorique à naviguer, il y aura peu de place pour le sommeil. Cette étape va être plus physique et plus mentale que la première. Il nous faudra rester positifs et de bonne humeur tant que la ligne ne sera pas passée. Avec l'équipage de Veolia Environnement, je ne suis pas inquiet ! ».
Jean-Pierre Dick – Paprec Virbac 2 :
« On a forcément envie de rester chez soi parfois. Mais c'est avec grand plaisir qu'on repart vers Barcelone, un port qui nous rappelle évidemment de bons souvenirs. Nous avons tout pour gagner, il faut maintenant le réaliser. Il va donc nous falloir être bons sur l'eau, avoir une bonne analyse météo et aller vite. Pour gagner, il faut être complet et c'est le travail de toute une équipe. On a hâte d'y aller ! »
Marc Thiercelin – DCNS :
« On est encore dans le jus de la première étape. Nous n'avons pas eu le temps de décompresser et en même temps c'est plutôt bien. Ce nouveau format d'étape, sous forme de run va être intéressant. C'est notre première course avec le bateau et ce sera une nouvelle expérience pour DCNS. La météo a l'air de ressembler à la première. On a déjà fait l'Odyssée d'Ulysse, maintenant ce serait bien qu'on change de titre... »
Il y a 960 jours
Dim 6 Sept : Dimanche d'arrivées : Nice accueille ses héros
Après plus d'une semaine de course d'une rare intensité et 1380 milles (2555 km) parcourus sur des eaux de la Méditerranée qui relient l'Orient et l'Occident, Nice, s'est mis à l'heure espagnole pour accueillir, dans le milieu de la nuit, les grands vainqueurs de la première étape de l'Istanbul Europa Race. Les hommes du Catalan Guillermo Altadill, figure majeure de la course au large internationale, se sont en effet imposés avec panache à bord de leur destrier des mers, 1876. Leur victoire est venue mettre un terme à un suspense haletant, qui n'a eu de cesse de monter crescendo au fil des mers Egée, Ionienne et Tyrrhénienne traversées dans des conditions propices à tous les coups de théâtre.
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