Groupe Bel ®
Qu'on ne s'y trompe pas, si rien ne semble pouvoir arrêter Foncia, auteur d'une navigation limpide et sans fausse note depuis qu'il s'est emparé de la tête de flotte au nord de la mer d'Alboran, la remontée des côtes portugaises au louvoyage se révèle plus complexe qu'elle n'en a l'air.
Rocking Bilou !
D'abord Bilou et les siens affichent la forme des grands jours comme en témoigne leur ténacité aux trousses du leader. Gageons que le skipper du plus ancien bateau de la flotte, qui a vu ses rêves de perturber la victoire annoncée de Michel Desjoyeaux s'envoler suite à un problème de quille lors du dernier Vendée Globe, trouve dans la remontée du golfe de Gascogne jusqu'à la porte de Brest, une belle occasion de prendre sa revanche. Fort bien accompagné par sa jolie clique d'équipiers, et dans la bonne humeur toujours de rigueur dans le cockpit du bateau rouge, il ne cède rien et jouera jusqu'au bout la victoire sur cette dernière et ultime étape. Ensuite, les conditions météo, un petit centre dépressionnaire, une zone de transition, peuvent encore redistribuer les cartes et favoriser un regroupement de la flotte dans les eaux du golfe de Gascogne.
Joint à la vacation, Michel Desjoyeaux reste très discret sur ce sujet et ne tire pas de plan sur la comète pour la remontée vers les côtes bretonnes après le passage du cap Finisterre qu'il devrait parer en milieu de nuit prochaine. Motus et bouche cousue, même si le professeur, classement aux points oblige, confie plus volontiers que la bonne vitalité de Veolia Environnement arrange ses affaires : « Ce qui est intéressant c'est d'avoir un peu distancé les deux autres bateaux, nos adversaires directs au classement général, Groupe Bel et 1876. Mais, il va falloir rester vigilant car l'étape va être un peu piégeuse avec des conditions dans lesquelles nous ne sommes pas forcément les plus rapides... »
Groupe Bel VS Paprec-Virbac 2
Comme quoi, les malheurs des uns font toujours le bonheur des autres. Difficile en effet d'oublier que Kito de Pavant et ses acolytes connaissent les affres d'une panne d'électronique, qui bride leur coursier océanique en termes de performance pure. De quoi déplorer un petit déficit de vitesse face à Paprec-Virbac 2 passé, lui, en mode attaque. Jean-Pierre Dick et son équipage se sont d'ailleurs déjà propulsés à la troisième place aux dépens de Groupe Bel. Au dernier classement, seuls 5 milles séparent ces deux protagonistes à la lutte au nord de Lisbonne et de l'embouchure du Tage.
Quant aux Espagnols de 1876, on sait qu'ils sont aux prises avec des soucis de mât les freinant dans leur remontée au près le long des côtes du Portugal. Ils affichent désormais 125 milles de retard sur Foncia. Quant à DCNS, qui déplore de sérieux soucis de vitesse, il tient toujours avec courage la lanterne rouge. La route en Atlantique est encore longue pour Marc Thiercelin et les siens qui progressent dans un autre système météo en baie de Cadix vers le cap Saint-Vincent...
Ils ont dit...
Michel Desjoyeaux – Foncia
« Ca mouille un peu, ca tape un peu, mais ça va pas mal. Nous sommes dans une situation un peu délicate par rapport à Veolia Environnement dans la mesure où cette nuit nous avons butté dans un système météo qui nous a un peu ralentis. Nous avons dû multiplier les virements et enchaîner pas mal de manœuvres au large de Lisbonne. Il a fallu aussi qu'on re-déroule toute la garde-robes de Foncia. Bilou en a profité pour se rapprocher. Nous devrions doubler le cap Finisterre vers 2-3 heures la nuit prochaine. Ensuite, nous avons vu qu'il n'y avait a priori pas grand intérêt à prendre plus au large : le jeu ne sera pas très ouvert aux options dans le golfe de Gascogne. A dire vrai, passer le cap Finisterre se révèle déjà assez compliqué comme ça, on se concentre là-dessus. Nous attendons avec impatience de savoir si on va poursuivre sur le plus court, le moyen ou le long parcours jusqu'à Brest. Nous disputons un belle troisième étape, mais si la direction de course décide de prolonger avec un crochet par le Fastnet, nous nous plierons à sa décision. Quoi qu'il en soit, nous sommes bien en mer et nous sommes prêts ! »
Roland Jourdain – Veolia Environnement
« On est content de notre vie. Ca a bloqué à un moment puis on est parti avec le vent. Il n'y a pas à se plaindre ça fait du bien. Ca peut être tordu derrière mais on prendra ce qu'il y a à prendre. Si ça peut être tordu pour Mich, on reviendra sur lui pour une fois et si les autres reviennent tant pis. Inch'Allah ! Dans un sens ou dans l'autre se serait sympa de se retrouver au contact, surtout avec Foncia ! Ce serait sympa d'aller faire un petit duel. Quand tu fais cap au nord, même à dix nœuds, tu te rends bien compte de la différence des éléments. Cette nuit on a eu besoin des petites polaires. On est un peu frileux sans doute après l'emmagasinage de chaleur qu'on s'est fait. On se met doucement mais sûrement dans le bain breton. La nuit dernière, la mer était relativement correcte mais il y a des moments où le terrain est mal pavé. On a eu des gros grains cette nuit, une bonne boucaille bien humide. On commence à se réhydrater la peau, ça fait un bien fou. On va avoir un teint de jeune fille. ».
Jean-Pierre Dick – Paprec Virbac 2 :
« Nous avons passé Lisbonne et l'embouchure du Tage se matin. Ce sont des beaux lieux avec des bonnes ondes, cela fait toujours plaisir de naviguer dans ces coins-là. D'autant que nous avons pris une bonne décision en choisissant une route un peu plus au large : c'était un peu osé, mais ça a payé. Ce matin nous avons beaucoup manœuvré, on est dessus ! L'Irlandais (Damian Foxall, ndlr) est à la barre. Il ne laisse pas passer la moindre risée, c'est un vrai chien de garde ! La mer est assez agitée et le bateau tape pas mal.Le près reste une allure assez technique et nous nous efforçons de rester sur le même bord même si on aura peut-être du mal à faire la bouée ! J'espère que le golfe de Gascogne laissera le jeu un peu ouvert. Il peut y avoir une petite zone de pétole qui peut jouer dans un sens ou dans l'autre : si les premiers tamponnent, c'est bien pour nous, s'ils passent avant, la sanction peut être en revanche sévère. »
Kito de Pavant – Groupe Bel
« Il fait beau et on est au large de Lisbonne. Les journées vont mieux que les nuits. Les nuits on ramasse et les jours on revient. Sans système de quille, il y a énormément de boulot pour virer donc on essaie d'en faire le moins possible. On a fait des choix pas très heureux hier. Cette nuit il y avait Une bulle sans vent, elle était pour nous ! On est resté bloqué 4 heures au large de Saint-Vincent. Ce matin le petit copain s'était barré. En même temps c'est comme ça depuis Istanbul ! J'ai tellement parlé de la Méditerranée que l'Atlantique est jaloux ! On avance à 11 nœuds et on a Paprec Virbac 2 en vue. On se bagarre pour la 3ème place. C'est pas facile, ça va ça vient. Au près on n'est pas malheureux, pas de ce souci de ce côté, le bateau va vite à toutes les allures. La nuits on est un peu handicapé par l'absence d'instruments, on fait tout au sensitif. Pour choisir les bonnes voiles, c'est un peu difficile. On perd beaucoup la nuit parce qu'on n'a pas nos repères. C'est beaucoup plus fatigant. Il faut vraiment être dessus. Les trois barreurs se relayent assez régulièrement. On essaie de faire en sorte que le bateau avance toujours le plus vite possible. On fait ça un peu à l'ancienne. Heureusement on a un peu l'expérience du bateau, on le connaît bien ! On n'est pas très en dessous de ses meilleures performances. Il y a du jeu. Les premiers n'ont pas eu la pétole qu'on a partagé avec Paprec Virbac 2. Les conditions sont plutôt favorables à ceux qui sont devant, mais on n'est pas les plus malheureux ; derrière les Espagnols et surtout DCNS ne vont pas être à la fête du tout. Ca va être difficile pour eux ».
Marc Thiercelin - DCNS
« Ca va ! On fait marcher le bateau. On a eu pas mal de bateaux et de vent à Gibraltar. On a toujours le vent dans l'axe de la route. On s'est rallongé pas mal la route par rapport aux autres concurrents qui l'ont fait en direct. La fortune en général sourit aux gens riches et là c'est vraiment ça. On fait marcher le bateau. On doit aller au 280 et le vent est au 280, ça donne une idée... C'est toujours toujours comme ça ! C'est un peu frustrant pour Eric Drouglazet d'arriver sur un bateau et de ramasser les bouées. Depuis la baie d'Almeria on est dans un système météo totalement différent des autres. On est au près dans 10 nœuds de vent. On a vu que les conditions à venir n'étaient pas favorables à ceux qui sont derrière, donc à nous. Nous aurons du près et des morceaux de pétole. La punition continue ! Je reste d'un naturel optimiste. C'est vraiment dur, c'est difficile de dire autre chose. Nous continuons à apprendre du bateau. Christopher continue à progresser pour l'avenir. On regarde un peu ce qui va et ne va pas. Pour la suite il faut qu'on ait un peu de chance, parce qu'il y a de la volonté à bord, ce n'est pas un problème. »